Ce week-end, le sommet du G20 s’est terminé sur un échec patent : les principales puissances du monde ont été incapables de s’entendre sur les deux principaux sujets à l’ordre du jour : l’équilibre entre rigueur budgétaire et relance et la taxation des banques.
Du « laissez faire » au chacun pour soi
La conclusion du G20 laisse songeur. Même si la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont poussé l’idée d’une taxe sur les banques, cette proposition n’a pas intéressé des pays émergents qui ont répliqué que leurs banques avaient traversé la crise sans encombre et qu’elles n’en avaient pas besoin. Il est navrant de constater qu’ils n’utilisent pas l’expérience des pays occidentaux pour mieux encadrer leur secteur bancaire et justement éviter de reproduire les erreurs d’hier.
Sur le soutien à l’activité, le sommet a été l’occasion de nombreuses passes d’armes. Alors que les tensions sont déjà fortes entre Etats-Unis et Grande-Bretagne du fait de l’accident de la plate-forme pétrolière BP, Barack Obama et David Cameron se sont opposés sur la relance, le second privilégiant la rigueur, comme Angela Merkel. Enfin, l’Argentine a affirmé que l’Europe avait « tout faux » en soulignant que la voie choisie ressemblait à celle choisie par le pays avant son défaut…
Quand mondialisation rime avec impuissance
L’absence de plus en plus patente de véritables mesures pour éviter qu’une crise comme celle de 2008 ne se reproduise montre l’échec absolu de la mondialisation néolibérale. En effet, le monde a traversé sa plus grave crise depuis 80 ans et les dirigeants de la planète sont incapables de prendre la moindre décision un peu significative pour tirer les conséquences du krach financier, qui n’a pas été loin de provoquer l’effondrement total de la planète financière. Et il faut être clair, plus le temps passe, moins des décisions ont des chances d'être prises tant le spectre du chaos s'éloigne et les pays reviennent à leur train - train habituel. Il est vraiment stupéfiant qu'aucune leçon n'ait été tirée § Cela démontre à nouveau la pertinence
de l’analyse de Frédéric Lordon, pour qui « en appeler au gouvernement mondial est le plus sûr moyen d’avoir la paix – entendre, pas de gouvernement du tout ». Ce G20 montre l’échec de la gouvernance mondiale.
Vers le retour des nations
En fait, ce n’est pas dans ces pince-fesses mondiaux que des solutions à la crise que nous avons traversée pourront être trouvées. Il n’y a que les Etats qui pourront prendre des décisions justes suffisamment rapidement pour tirer les leçons de cette crise, à condition de restaurer des frontières commerciales et financières qui redonneront un sens à ce cadre et donc aux décisions qui pourront être prises. Un petit groupe d’Etats peut aujourd’hui faire avancer la réforme financière.
Il n’est pas grave que le G20 ne se soit pas mis d’accord sur la taxe sur les banques. La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ensemble peuvent parfaitement la mettre en place car il s’agit de pays à la fois suffisamment autonomes et suffisamment puissants. Il suffirait d’encadrer de nouveau les mouvements de capitaux. Du coup, nous verrons bien dans les prochains mois si les pays européens tenaient véritablement à cette mesure ou pas.
L’échec de ce G20 est celui d’une mondialisation qui promeut l’égoïsme et un libéralisme dogmatique et non la nécessaire coopération pour encadrer un capitalisme devenu fou. Cet échec du supranational montre que demain, la solution ne pourra venir que des Etats.
Laurent Pinsolle